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L’Algérie, le Sahel et les ressources en eau: l’avenir au Sahara ?

L’Algérie et ses ressources en eau: l’avenir au Sahara ?L’Algérie et ses ressources en eau au Sahara

 

L’avenir au Sahara? Oui, car de l’eau, il y en a ,et en abondance; depuis que les photos satellites ont prouvé de larges nappes phréatiques au sahara, on sait qu’il y a un avenir pour le désert.

L’eau en Afrique, une question qui fait passer des nuits blanches aux responsables; aussi, l’Algérie cherche ses ressources en eau, lesquelles se trouvent être…au Sahara.

Bien que l’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires se soit amélioré dans les pays d’Afrique subsaharienne présentant les meilleurs taux de couverture en eau, une personne sur quatre ne dispose toujours pas d’assainissement adéquat.

Le nombre de personnes vivant en Afrique subsaharienne a presque doublé au cours des 25 dernières années, mais l’accès à l’assainissement et à l’eau s’est à peine amélioré, selon l’ONU, laissant des millions de personnes en souffrance.

Eau: l’avenir au Sahara?

Des scientifiques de l’Institut universitaire des Nations unies pour l’eau, l’environnement et la santé (UNU-INWEH), ont évalué les progrès réalisés par les nations africaines ces dernières années. Selon cette étude, seules 29 régions ont effectivement amélioré leur situation, tandis que 25 n’ont enregistré aucun progrès.

Les statistiques fournies par les Nations unies révèlent que, malgré les objectifs de développement durable fixés au niveau mondial, environ un quart des personnes qui ne peuvent bénéficier de conditions sanitaires satisfaisantes vivent en Afrique subsaharienne, où la consommation d’eau contaminée et le manque d’assainissement entraînent une vulnérabilité accrue aux maladies liées à l’eau, notamment la diarrhée, le choléra, la dysenterie et la typhoïde.

Une population vulnérable

Selon les Nations unies, 115 personnes en Afrique meurent chaque heure de maladies liées à une mauvaise hygiène, à un mauvais assainissement et à une eau contaminée. Les maladies diarrhéiques, principalement causées par une eau insalubre et une mauvaise hygiène, tuent plus d’enfants de moins de cinq ans que le paludisme, le sida et la rougeole réunis.

Le manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement entraîne également la pauvreté et la malnutrition, de même qu’une baisse de la fréquentation scolaire. En Afrique, notamment en Afrique subsaharienne, plus d’un quart de la population met plus d’une demi-heure par trajet pour aller chercher de l’eau, une corvée qui incombe généralement aux femmes, et cette charge peut également empêcher les filles d’aller à l’école.

« Les femmes et les filles au Sénégal passent plus de 200 millions d’heures par jour, à chercher de l’eau ».

Bien que l’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires se soit amélioré, un nombre considérable d’Africains n’ont pas accès à ces prestations de première nécessité. Dans les pays d’Afrique subsaharienne présentant les meilleurs taux de couverture en eau, une personne sur quatre ne dispose toujours pas d’un assainissement adéquat, les habitants des zones rurales étant souvent moins bien lotis que ceux des zones urbaines.

Changements climatiques

Le changement climatique, qui rend la disponibilité de l’eau moins prévisible, accélère les crises alimentaires et sanitaires, aggrave la pauvreté et réduit les revenus de populations entières. Près de 300 millions d’habitants d’Afrique subsaharienne vivent dans des zones où les précipitations sont faibles ou inexistantes.

Les deux tiers de l’Afrique subsaharienne dépendant principalement ou totalement de l’eau de surface, celle des rivières, des lacs ou des zones humides, des eaux souvent très polluées qui ne sont pas considérées comme une source d’eau potable fiable et sûre, de nouvelles options pourraient s’offrir au continent africain.

La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, affirmait à l’occasion de la publication du dernier Rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau : « Un nombre croissant de ressources en eau sont polluées, surexploitées et asséchées par l’être humain, avec parfois des conséquences irréversibles. Il est essentiel d’utiliser plus intelligemment le potentiel des ressources en eaux souterraines, encore peu exploitées. Elles doivent être protégées de la pollution et de la surexploitation pour répondre aux besoins fondamentaux d’une population mondiale en constante expansion et pour faire face aux crises climatique et énergétique mondiales ».

Une richesse inexploitée

Il ressort du rapport mondial annuel des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau de cette année, que seuls 3 % des terres agricoles d’Afrique subsaharienne sont dotées d’un système d’irrigation et que seuls 5 % de ces terres utilisent des eaux souterraines, alors que celles-ci sont souvent abondantes dans la région.

La plupart des activités agricoles en Afrique ont longtemps été liées aux caprices de la météo. Cette dépendance est due en partie à l’idée que le continent, aride et désertique, dispose de ressources limitées en eau. Or, une nouvelle étude, menée sur plusieurs années, révèle une réalité toute différente.

Selon cette étude du British Geological Survey (BGS), les réserves d’eau souterraine de la plupart des pays africains leur permettraient de survivre à au moins cinq années de sécheresse, voire plus de 50 ans pour certains.

L’étude, intitulée Les nappes phréatiques : un rempart négligé contre le changement climatique (Groundwater : the world’s neglected defence against climate change), a révélé que chaque pays d’Afrique subsaharienne pourrait satisfaire à une consommation de 130 litres d’eau potable par jour et par habitant en puisant dans les nappes phréatiques sans utiliser plus d’un quart de ce qui peut être renouvelé, voire seulement 10 % pour certains.

À l’aide d’un système d’information permettant de regrouper les données et d’effectuer des analyses géographiques, les auteurs ont actualisé les données de leur étude entamée en 2012, en intégrant les facteurs qui influent sur la réalimentation des nappes phréatiques, notamment le climat, la quantité de précipitations, le nombre de jours humides par an, la végétation et le type de sol.

Une cartographie de la recharge des eaux souterraines en Afrique

Ainsi, en 2021, ils ont publié le corollaire de leur étude, à savoir une « Cartographie de la recharge des eaux souterraines en Afrique ».

Selon Seifu Kebede Gurmessa, de l’université de KwaZulu-Natal en Afrique du Sud, co-auteur de l’étude, « si toutes les précipitations s’arrêtaient aujourd’hui et pour les 100 prochaines années en Afrique, il y aurait toujours beaucoup d’eau stockée sous la surface du continent, elle ne serait simplement pas répartie de manière uniforme ».

La répartition de ces nappes d’eau souterraine n’est pas uniforme sur l’ensemble du territoire, révèle l’étude du British Geological Survey. Les plus grandes réserves se trouvent dans les pays d’Afrique du Nord et du Sahel. Dans des pays comme l’Algérie, la Libye, l’Égypte, le Niger, le Tchad et l’ouest du Soudan, on trouve un bassin de 75 mètres de profondeur. Cet énorme aquifère, caché sous le sable du désert du Sahara, n’est cependant pas alimenté par les précipitations. Il est apparu il y a environ 5 000 ans, lorsque le climat africain était plus humide.

Un deuxième grand bassin apparaît entre la République démocratique du Congo et la République centrafricaine, tandis qu’un troisième se trouve au sud, entre la Namibie, le Botswana, l’Angola et la Zambie.

Pour Yvan Altchenko, enseignant chercheur à l’institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement de Montpellier, le problème de la sous-exploitation des eaux souterraines en Afrique est largement dû aux coûts souvent prohibitifs de leur extraction, ainsi qu’à « l’instabilité politique, sociale et environnementale », de même que « la mauvaise gestion des projets existants », qui ont conduit au « désintérêt des investisseurs pour le continent ».

Une manne convoitée

Si certains investisseurs étrangers ne voient pas d’intérêt dans une coopération gagnant–gagnant avec les pays africains, d’autres, n’étant pas toujours mus par des intentions bienveillantes, ne manquent pas d’exposer les pays africains à un autre type de défis.

Ainsi, le groupe de réflexion californien Oakland Institute a publié une étude montrant que des grandes entreprises agricoles mondiales montrent, depuis quelques années, un regain d’intérêt pour les opportunités qu’offre le continent.

« Depuis la crise alimentaire de 2007-2008, l’Afrique est la première destination des investisseurs internationaux pour les grands projets agricoles », révèle l’étude de l’Oakland Institute. Et d’ajouter : « Les gouvernements justifient l’offre des terres et de l’eau aux investisseurs par les besoins de développement et de sécurité alimentaire ».

L’étude, intitulée « Assèchement des terres africaines : Le développement de l’agriculture à grande échelle menace l’accès à l’eau en Afrique » (Drying Out African Lands : Expansion of Large-Scale Agriculture Threatens Access to Water in Africa), a été menée sur 15 cas de projets agricoles à grande échelle dans 11 pays africains, où de grandes entreprises ont obtenu des droits d’exploitation des terres et de l’eau. Dans de nombreux cas, loin de bénéficier des retombées du développement, les populations locales sont souvent désavantagées, estime l’Oakland Institute.

« Lorsque des infrastructures d’irrigation sont mises en place, elles profitent aux entreprises privées pour l’agriculture à grande échelle, souvent pour les cultures d’exportation, plutôt qu’aux agriculteurs et aux communautés locales », affirme l’étude.

Et de mettre en garde : « Les personnes vivant dans des terres arides et semi-arides sont gravement touchées par les projets d’irrigation à grande échelle qui réduisent les pâturages disponibles et empêchent la culture de décrue, tandis que les barrières et les canalisations barrent les itinéraires habituels des populations et du bétail. »

Ces projets entraînent souvent « la perte de cours d’eau et de marécages – détournés ou détruits pour établir des plantations », ajoute l’étude du groupe de réflexion californien, qui explique : « L’utilisation intensive de produits chimiques et de pesticides pollue les sources d’eau et entraîne la perte d’eau potable, de cultures, de poissons et de pâturages ».

Selon cette étude, des institutions internationales influent sur les gouvernements africains pour qu’ils octroient de vastes étendues de terres aux investisseurs et un accès privilégié à l’eau pour établir des projets agricoles à grande échelle.

L’Oakland Institute affirme que, malgré l’impact dévastateur de ces projets sur les communautés locales, des pays africains font actuellement la promotion de dizaines de millions d’hectares de terres irrigables et de ressources en eau « sous-exploitées », via des agences de promotion des investissements mises en place par la Banque mondiale.

Au Sahara, sous les sables, une nape d’eau grande comme la France

La nappe de l’Albien est la plus grande nappe d’eau souterraine au monde. Elle est à cheval sur trois pays, l’Algérie, la Libye et la Tunisie. 70 % de la nappe se trouve en territoire algérien au sud-est du pays.

La nappe de l’Albien se trouve en grande partie dans le Sahara algérien, elle est composée en grande majorité d’eau saumâtre, donc impropre à la consommation humaine sans dessalement. Elle contient plus de 50 000 milliards de mètres cubes d’eau, l’équivalent de 50 000 fois le barrage de Beni Haroun qui se trouve à l’est du pays et qui alimente six wilayas limitrophes. Cette eau est le résultat de l’accumulation qui s’est effectuée au cours des périodes humides qui se sont succédé depuis 1 million d’années.

La nappe s’étend dans une zone presque deux fois plus grande que la France, entre la Libye, la Tunisie et majoritairement l’Algérie. La répartition territoriale est estimée à pour l’Algérie : 70 %, pour la Libye : 20 % et enfin pour la Tunisie : 10 %4.

En avril 2005, dans le cadre d’un projet de l’observatoire du Sahel et du Sahara (OSS), l’Algérie, la Tunisie et la Libye mettent en place un mécanisme de gestion concertée de leurs ressources en eaux profondes dont la nappe fait partie. Un accord fut conclu entre les trois pays pour mettre en place une gestion équitable et raisonnable de cette nappe, dont le suivi est confié à l’observatoire du Sahel et du Sahara.

En réalité, le Sahara bénéficie d’importantes quantités d’eau stockées en profondeur et héritées de périodes anciennes. Une étude récente menée par l’Institut de recherche pour le développement et ses partenaires met en évidence que ces nappes ne sont pas totalement fossiles. Elles sont réalimentées chaque année.

Grâce à une méthode s’appuyant sur des données obtenues par satellite, les chercheurs ont estimé les variations du volume d’eau qui gît sous le désert du Sahara septentrional : la recharge actuelle se serait élevée en moyenne à 1,4 km3 par an, pour la période 2003-2010. Cela représente 40 % des prélèvements anthropiques et naturels, notamment pour l’irrigation qui soutient l’économie oasienne. Ces apports ne compensent donc pas les prélèvements effectués, mais leur existence permet d’envisager une gestion durable de ces aquifères transfrontaliers, principales ressources en eau des régions semi-arides de l’Algérie et de la Tunisie.

Jusqu’à récemment, les nappes d’eau du système aquifère du Sahara septentrional étaient considérées comme fossiles, c’est-à-dire non renouvelables, à l’instar du charbon ou du pétrole. Les précipitations dans la région semblaient trop faibles et l’évapotranspiration trop grande pour recharger les nappes profondes. Mais les chercheurs viennent de montrer qu’en réalité, les nappes du système aquifère du Sahara septentrional sont alimentées aujourd’hui encore. En effet, leur recharge existe et a pu être quantifiée, comme le révèle une étude publiée dans les Geophysical Research Letters.