Par Fayçal Oukaci
Le dossier soudanais inquiète de plus en plus les pays de la région, car le risque d’une déflagration d’ampleur persiste, malgré les efforts consentis pour en venir à bout.
Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations-Unies, Amar Bendjama, a appelé, au nom des membres A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyane », les parties au conflit au Soudan, à saisir l’opportunité du mois de Ramadhan pour déclarer un cessez-le-feu immédiat et s’engager sur la voie de l’apaisement et de la retenue pour une paix durable au Soudan.
Récemment, et s’exprimant au nom des membres A3+ au cours d’une réunion de l’Assemblée générale de l’ONU sur la situation au Soudan, Bendjama, après avoir déploré la non-résolution de la crise dans ce pays après près d’un an et la détérioration de la situation humanitaire, a appelé les parties au conflit à saisir le mois sacré du Ramadhan, afin de déclarer un cessez-le-feu immédiat et à privilégier la voie du dialogue.
Le dossier soudanais, une bombe à retardement
« Face à cette situation qui se détériore, nous voulons saisir l’occasion de cette réunion pour lancer un appel urgent à tous les acteurs soudanais pour qu’ils déclarent un cessez-le-feu immédiat afin d’atténuer les souffrances des hommes, des femmes et des enfants soudanais innocents.
Rappelons que récemment, le président du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan, a été reçu par le Président Tebboune. Et en accueillant le président du Conseil de souveraineté transitoire de la République du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, et en lui réservant un accueil solennel, au siège de la présidence de la République, l’Algérie montre toute son attention et son assiduité pour ce dossier hautement stratégique pour la région saharo-sahélienne.
Bien qu’il ait été occulté par les deux guerres en Ukraine et en Palestine, le dossier soudanais fait actuellement partie des dossiers prioritaires pour les Affaires étrangères, car, c’est important de le souligner, trop de puissances régionales, s’y activent pour provoquer une déflagration totale dans la triple région maghrébo-saharo-sahélienne. Chaque partie, malheureusement, a ses priorités, ses objectifs et son agenda.
Vu de ce point de vue-là, le dossier soudanais est plus important parce qu’il concerne, comme celui du Mali, notre propre sécurité nationale.
Un duopole détonnant
Au Soudan, le duo Emirats-Israël, attiré par les mines d’or, y a déjà provoqué des dégâts importants. Toutefois, le jeu des Emiratis a fini par être percé à jour par le général al-Burhan qui les chassés manu militari du pays, sous bonne escorte. A partir du sud libyen, ils convoyaient des armes et des hommes de troupe à « Hemetti » contre al-Burhan, attisant encore les feux de la guerre dans ce pays meurtri et provoquant l’exode de plus de deux millions de personnes.
Complices de Mohamed Hamdane Doglo « Hametti » pour l’extraction et l’achat, à moindre coût, de l’or soudanais, traficotant en dehors de toute légalité, ils avaient saigné à blanc le Soudan et fait fructifier leur fond propre en or, faisant de Dubaï une place mondiale de la vente d’or.
Mais il n’y a pas que l’or, le pétrole (celui du Niger provoquera sous peu de semblables chambardements) et les minerais qui intéressent le jeu des stratégies de puissance, car le Sahel est appelé à devenir le théâtre des opérations pour les dix prochaines années. Le retournement de Koulouba contre ceux qui lui ont apporté hier, paix et tranquillité, en est la preuve la plus évidente.
Le dossier Soudan est d’autant plus important pour Alger que ceux qui sont en train d’y mener des conspirations sont ceux-là mêmes qui mènent les conjurations au Mali et au Maroc, contre les intérêts de l’Algérie, évidemment.