Imad Mohamed Amine
Journaliste, rédacteur politique
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Les Occidentaux ont leurs priporités, même pour venir en aide aux pays qui en ont besoin. Pour l’heure, c’est l’Ukraine qui concentre tous leurs efforts. La guerre ubliée au Soudan continuera de l’être.
Depuis les affrontements qui ont éclaté le 15 avril 2023 au Soudan, deux factions militaires rivales s’opposent, dirigées par les deux hommes à l’origine du putsch d’octobre 2021. D’un côté, les Forces armées soudanaises (SAF), dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, de facto au pouvoir après le putsch, de l’autre les Forces de soutien rapide (RSF) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti ».
Mais c’est là la face visible de la guerre, car nous sommes bel et bien devant une guerre de sous-traitance. Plusieurs puissances y sont présentes par le biais de leurs hommes-liges. les Emirats arabes, l’Egypte, Israel, l’Arabie Saoudite, la France, la Libye y participent activement soit par l’envoie d’armes et d’équipements à l’un ou à l’autre camp soit au profit d’autres commanditaires restés dans l’ombre, par l’envoie de mercenaires ou par des facilitations d’accès au Soudan.
Cette guerre de sous-traitance à huit clos risque malheureusement de sétendre à d’autres pays de la région, pour peu que le jeu de stratégie des puissances trouve des espaces fertiles. Ce qui se passe dans certains pays du Sahel nourrit déjà les pires craintes avec une expansion sournoise du terrorisme.
La guerre oubliée au Soudan
Où en est-on aujourd’hui? Des cessez-le-feu sont déclarés par intermittence, mais en fait, la guerre ne s’est jamais arrêtée.
Le Soudan est toujours plongé dans une guerre dévastatrice, qui a fait près de 15 000 morts et abouti à huit millions de civils en fuite, 25 millions de personnes ayant un besoin urgent d’assistance et une famine qui menace.
Un an après le début de la guerre au Soudan, le pays et ses voisins sont confrontés à l’une des crises humanitaire et de déplacement de populations les plus importantes au monde, le nombre de Soudanais contraints de fuir dépassant désormais les 8,5 millions de personnes, dont 1,8 million ont traversé les frontières.
Les chiffres qui font peur…
Après 11 mois de conflit au Soudan, l’insécurité alimentaire qui touche 18 millions de personnes, a atteint le niveau 4, le niveau de faim le plus grave jamais enregistré dans le pays, selon des données officielles de l’ONU. La poursuite du conflit et de la violence risque de faire du Soudan la pire crise alimentaire au monde.
Dans cette guerre oubliée au Soudan, on enregistre plus de 8 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur et à l’extérieur du Soudan depuis le 15 avril 2023, dont 4 millions d’enfants. Le Soudan est l’une des plus grandes crises de déplacement interne au monde.
Les violences meurtrières contre les travailleurs humanitaires et le pillage des biens et des fournitures humanitaires ont rendu les opérations d’aide extrêmement difficiles et dangereuses. Si les agences d’aide continuent à être confrontées à ces problèmes d’accès, d’insécurité et de manque de ressources, davantage de personnes seront contraintes de fuir le Soudan, vers les pays voisins et au-delà
24 millions d’enfants risquent une catastrophe générationnelle, ont alerté des experts du Comité des droits de l’enfant.
Face à cette tragédie humaine, les puissances occidentales planchent sur la nécessité de pourvoir des armes à l’allié Zelensky pour faire durer la guerre en Ukraine le plus longtemps possible et faire saigner la Russie encore plus.
Pour le Soudan, on aura le temps de disserter plus tard…