• sam. Nov 23rd, 2024

Sahel Media

L'oeil qui ne se ferme jamais sur la triple région maghrébo-saharo-sahélienne

L’espace maghrébo-saharo-sahélien: futur champ de bataille des puissances?

L'espace maghrébo-saharo-sahélien: futur champ de bataille des puissances?L'espace maghrébo-saharo-sahélien: futur champ de bataille des puissances?

Fayçal Oukaci

Journaliste, chercheur, spécialiste des questions de sécurité

Il n’y a pas si longtemps, on disait que le Sahel serait le futur terrain du jeu stratégique des puissances. Aujourd’hui, on y est. Mais le pire est à craindre pour le Sahel: devenir le champ de bataille des puissances.

Si on commence par énumérer les événements qui ont secoué la triple région maghrébo-saharo-sahélienne, l’on aperçoit distinctement que leur concentration dans ce continuum spatio-temporel a, sans contredit, obéi à une logique du « big reset ».

Beaucoup d’analystes ont très vite applaudi les coups d’Etats qui ont destitué les présidents élus au Burkina Faso, au Mali, puis au Niger. Alors que, à ce stade de la stratégie, il fallait rester sobre et continuer à observer. Plus on plaçait les puzzles à leur place plus l’ensemble de l’image devenait plus clair. Plus complexe qu’un jeu de Monopoly, on construisait par-ci et on détruisait par-là, pour arriver, au final, à quelque chose d’inédit. C’est toute la magie stratégique de la grande réinitialisation.

Lorsque l’Otan a décidé, il y a quelques mois d’intégrer le Sahel dans l’agenda de ses priorités, l’information était passée sur les analystes comme passe l’eau sur les plumes d’un canard. Pourtant, l’écho qui s’en dégageait relevait de lui-même toute son importance.

Le Sahel, nouveau théâtre de conflits en sous-traitance

Le jeu émirati au Soudan, au Mali, en Mauritanie et au Maroc n’a échappé à personne ; son aéroport secret, en plein désert, a été utilisé comme rampe de lancement par des mercenaires dont l’agenda politique est incompatible avec celui de l’Algérie ; sa mainmise sur l’or du Soudan et du Mali, à moindre coût, en avait fait une des places mondiales du marché de l’or ; la récente fausse Alliance Atlantique, une réunion au Maroc sans lendemains, programmée pour ses « effets d’annonce » ; les « armés terroristes », à qui on a ouvert un « large couloir » menant d’Irak et de Syrie, à la Tripolitaine, au Fezzan, puis au Grand Sahara, étaient autant de données à prendre en ligne de compte.

Les « Accords d’Abraham » n’ont pas commencé avec Trump, car avant sa chute, le général Omar el-Béchir avait clairement dit qu’on lui a demandé de « normaliser » avec Israël pour rester en poste. La suite on la connait. Comme on connait au détail près les soutiens de Mohamed Dahmane Doglo « Hametti », qui bénéficie des largesses émiraties et israéliens, en hommes et en argent, en contrepartie de quoi il envoie tout l’or du Soudan à Dubaï (phagocytée par les hommes d’affaires israéliens) et tout son personnel militaire pléthorique dans les guerres émiraties, eux-mêmes sous-traitants d’autres guerres, au profit d’autres puissances.

Le tic-tac d’une bombe à retardement

Et c’est parce qu’il en sait un peu trop sur les manigances des ces entités de nuisance, ainsi que sur l’utilisation en Libye du maréchal Khalifa Haftar, en relation avec Dubaï, Tel Aviv et Hemetti, que le général Al Borhane a été mis en minorité et qu’on cherche aujourd’hui, à le discréditer.

Or le rôle de l’Alliance des « pays du champ », qui existe depuis de longues années, a été paralysée, dans un premier temps, puis dynamité, dans une seconde phase; elle contrariait visiblement les plans des ces entités-liges qui tentent de remodeler le Sahel à leur manière et selon un plan d’urgence élaboré par leurs mentors, d’où leurs multiples erreurs d’appréciation et de positionnement.

La guerre de sous-traitance est plus insidieuse pour les Africains que tout ce qu’ils ont vécu jusque-là. Les puissances sont loin, mais leurs projets continuent d’avancer par les moyens les plus détournés et dont vous ne soupçonnez même pas l’existance…

Le pack des entités nuisibles en mouvement dans la sous-région sahélienne risque pourtant de mener à une déflagration d’une échelle incontrôlable. La guerre de haute intensité se fait déjà entendre…