• sam. Nov 23rd, 2024

Sahel Media

L'oeil qui ne se ferme jamais sur la triple région maghrébo-saharo-sahélienne

Les Africanistes ont balayé la France et préparé l’avènement des nouveaux chefs militaires

Les Africanistes ont balayé la France de bout en bout et fait le lit des nouveaux dirigeantsLes Africanistes ont balayé la France de bout en bout et fait le lit des nouveaux dirigeants

Oukaci Fayçal

Journaliste, spécialiste des questions de sécurité, Alger 

Les Africanistes sont de retour; ils se réclament de Tomas Sankara, Patrice Lumumba et Nelson Mandela. Balayée de bout en bout du continent, la France en fait les frais, la première, mais s’accroche aux deniers vestiges, la langue.

Pourtant, c’est dans la langue de Voltaire que la Franvce est combattue; annonçant le déclin brutal de la françafrique sur tout le continent africain.

L’avènement de nouveaux officiers en Afrique, notamment dans la vaste bande saharo-sahélienne, a eu pour premier effet de disqualifier petit à petit l’influence française de la région. Ces nouveaux chefs militaires sont imprégnés de ce climat introduit ces dernières années pour le nouveaux chantres de l’Afrique aux Africains.

Le Mali, symbole fort de cette émancipation, a humilié la France sur tous les terrains, en tenant tête aux retombées politiques, militaires et diplomatiques, et mieux, en réussissant à entrainer dans leur sillage d’autres pays, dont les alliés qui étaient jusqu’à une date récente, les garants de la françafrique dans la région.

La révocation de Barkhane de plusieurs pays subsahariens en aura constitué l’image forte. Et ce n’est pas le Niger, dernier bastion des petits bivouacs militaires français dans la région qui sauvera la mise.

Les Africanistes de retour

Il est utile et toujours et instructif de repérer les phases-phares de ce déclin brutal, qui a fait suite à l’avènement du colonel Assimi Goïta et des jeunes responsables militaires, qui n’ont pas vécu l’époque Foccart, la villa Luzarches et les parfums de l’Elysée pour s’en enivrer outre-mesure.

Au contraire, la critique a porté devant les plus grandes institutions planétaires. Témoin en est, le discours du premier ministre malien, Abdoulaye Maïga, à la tribune de l’ONU, en septembre dernier, lorsqu’il traitait les autorités françaises de «junte au service de l’obscurantisme» et les accusait de «pratiques néocoloniales, condescendantes, paternalistes et revanchardes ». L’Elysée n’en revenait pas !

Dans les médias les plus influents au Sahel, même son de cloche : les vidéos fracassantes de la suisso-camerounaise Nathalie Yamb, une des figures emblématiques du renouveau de la fierté africaine, font florès : « La France n’est grande que quand elle grimpe sur les épaules de l’Afrique »dit-elle, avant d’être rprise en chœur par la jeunesse africaine.

Au Mali, Adama Diarra est connu pour être un pur et dur « africaniste », grand pourfendeur de la France et de la « françafrique ».

Mais il y a également Aganisha, la « chaine qui dénonce même si personne ne le lui a demandé » fait la fierté des jeunes intellectuels maliens, de Bamako à Tombouctou et Kidal. Animée par Tanou Lelle, cette chaine reprend l’actualité politique, avec une analyse froide, souvent pour dénoncer les revers et les dérives française en Afrique, au Mali surtout.

Kemi Séba, Nathalie Yamb et les autres

Ce type de propos, souvent cantonnés aux sphères d’extrême gauche (ce que n’est pas Nathalie Yamb, plutôt libérale), semble se répandre dans toutes les couches de la société africaine. Selon Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture malienne : « Toute l’Afrique de l’Ouest est en mouvement ».

La violence de l’État français à l’égard des peuples africains fait l’actualité aujourd’hui, et les jeunes intellectuels à Nouakchott, Dakar, Niamey ou N’Djamena haussent aujourd’hui, le ton pour exiger « un Nuremberg de la Françafrique ».

Après le départ des grands présidents français, qui avaient une « politique africaine » mesurée, de De Gaule à Mitterrand, d’autres ont suivi, mais n’ont pas été à la hauteur, dont les sarko-trafiquants ont constitué le parangon le plus exécrable, et ont fini par mener à la cassure, brutale et sans espoir de raccordement.

Au Burkina Faso, le cas de figure est à peu près identique. Une nouvelle génération de militaires semble bien « décidée à se dégager de la tutelle de l’État français, qui installa au pouvoir l’assassin de Sankara, Blaise Compaoré, dont la dictature, longue de vingt-sept années, a maintenu le pays dans la misère, sur laquelle prospère aujourd’hui le jihadisme ».

L’Occident colonialiste en ligne de mire

Nathalie Yamb est interdite officiellement de la part du gouvernement français de pénétrer sur le territoire français. Elle dit avoir seulement rappelé des réalités historiques et politiques évidentes. C’est dire combien ces sujets fâchent l’Elysée au plus haut point et affichent une fragilité qui en dit long sur l’insistance sur la francophonie, dernier espoir pour la France de demeurer encore dans un espace géographique d’où elle a été lamentablement révoquée.

Nathalie Yamb est également membre du parti ivoirien Lider, dont le compte Twitter dénonce les abus de l’Occident impérialiste. S’il a pris sa retraite politique et n’est plus actif sur les réseaux sociaux, le fondateur du Lider, Mamadou Koulibaly, fait du direct, en se rendant dans les grandes capitales africaines lire son crédo anti-occidentale.

Des journaux, de petites radios locales élèvent de la voix et sont très suivies aujourd’hui; radio, à Bangui, Nouakchott, N’Djaména, Niamey, Bamako, Tomboucou et Tripoli, le discours anti-occidental est ce qui fonctionne le mieux. .