Oukaci Fayçal
Journaliste, spécialisé dans les questions de sécurité
–
Après 20 ans d’attente, Abderrazak El Para a été déféré devant le tribunal criminel, avant que le procès ne soit renvoyé à la demande de la défense.
Amari Saifi, Abderrazak El Para, est apparu, hier, au tribunal criminel de Dar El Beida, à Alger, pour répondre aux accusations sur les opérations terroristes auxquelles il a pris part entre 1992 et 2004.
Au tribunal criminel, l’important dispositif sécuritaire renseignait sur l’importance de l’accusé. Imposant par sa stature, du haut de son 1m90, Amari Saifi fait son apparition encadré par de nombreux policiers et gendarmes. Les yeux clairs sous sa cagoule verte, habillé d’un T-shirt blanc, les mains menottées, il rejoint le box des accusés avec quatre autres mis en cause, Ghrika Noureddine, Djermane Kamel, Meslem Abdelmalek et Attia Nacer, alors que 26 autres sont en fuite.
Le dossier Abderrazak El Para
Abderrazak El Para était un chef du Groupe islamique armé -GIA), puis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), avant de rejoindre le sud algérien. Il est là surtout pour un dossier très précis, la rapt de 32 touristes européens, dont 15 Allemands.
La liste de son acte accusatoire pourtant s’allonge à d’autres: dont l’embuscade et l’assassinat de 40 militaires à Batna, l’enlèvement et l’assassinat des moines de Tibhirine, à Médéa, l’enlèvement du sénateur Mohamed Bediar, à Tébessa.
Le rapt des touristes européens l’avait mis au-devant de la scène internationale; la libération des otages a connu des péripéties et une longue attente, un décès, celle d’une Allemande, et des rebondissements inattendues.
Les chefs d’accusation sont aussi nombreux que divers : «atteinte dans le but de faire tomber le pouvoir ou le changer, et incitation des citoyens à prendre les armes contre l’autorité de Etat ou les uns contre les autres», «atteinte à l’unité nationale», «organisation et commandement d’une bande armée pour porter atteinte à la sécurité de l’Etat dans le but de voler et se partager les biens publics, d’attaquer et de s’opposer aux forces publiques», «création et commandement d’une organisation terroriste armée pour semer la terreur parmi la population», «création d’un climat d’insécurité», «agression physique et morale contre les personnes», «détention d’un commerce, importation et exportation d’armes à feu et de munition», «homicides volontaires avec préméditation dans le cadre d’une organisation criminelle transnationale», «enlèvement dans le but de soutirer une rançon, dans le cadre d’une organisation criminelle transfrontaliere».
Ajournement à la procahine session
El Para était le premier à être appelé à la barre. Les gendarmes lui enlèvent la cagoule et les menottes avant qu’il ne se mette devant la barre et ne décline son identité, puis reprend sa place.
Le juge appelle les autres parties, certaine victimes et deux témoins. Beaucoup étaient absents. L’avocat de Amari Saifi, Me Bachir Mechri, demande l’ajournement du procès afin de permettre à toutes les victimes et les témoins d’être présents pour avoir un procès juste et équitable.
Ce qui lui a été accordé, puisque le président décide alors de suspendre l’audience, puis annonce le report de l’examen du dossier pour la prochaine session criminelle, laquelle interviendra après septembre 2024.
Abderazak el Para, de son vrai nom Amari Saïfi, également surnommé Abou Haydara, est né le
Comme vous pouvez le lire ici, l’auteur de cet article a été le premier à donner, à l’instant même du rapt des touristes, le nom de l’auteur du rapt et à livrer à la presse nationale et internationale la véritable identité de celui qui se cachait sous le nom ampoulé de « Abderrazzak El Para ».