• jeu. Sep 19th, 2024

Sahel Media

L'oeil qui ne se ferme jamais sur la triple région maghrébo-saharo-sahélienne

L’ex-ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt: une fixation pathologique sur l’Algérie!

L'ex-ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt: une fixation pathologique sur l'Algérie!une fixation pathologique sur l'Algérie!

Fayçal Oukaci

Journaliste, spécialiste des questions de sécurité

D’article en contribution, puis de pod-cast en interview, l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, en fait trop. Beaucoup trop même. Trop d’apparitions, de réapparitions, d’entretiens exclusifs, d’invitations sur les chaines d’info, mais toujours un seul sujet, inchangeable et inchangé: la critique de l’Algérie.

Depuis son fameux « L’Algérie s’effondre, entraînera-t-elle la France dans sa chute ? » sur Le Figaro, en janvier 2023, l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, pense soulever des vagues de réactions en Algérie. Combien de fois n’a-t-il pas répété depuis deux années déjà, que « l’“Algérie nouvelle » est en train de s’effondrer sous nos yeux et qu’elle entraîne la France dans sa chute, sans doute plus fortement et subtilement que le drame algérien n’avait fait chuter, en 1958, la IVe République ».

Mais l’Algérie se porte bien. La France, non. Macron est sur le seuil d’un pouvloir qu’il doit soit partager avec l’extrême-droite soit quitter.

Invité il y a trois jours à s’exprimer (sur l’Algérie, de toute évidence/ https://www.youtube.com/watch?v=HsoD8b4uifc), Driencourt se laisse aller à des états d’âme trop intéressés pour ne pas être suspectes. Il parle de Bouteflika avant sa maladie, puis de Bouteflika malade, le système, l’armée, les alliances, se laisser aller à des extrapolations affligeantes, manque de lucidité, de clairvoyance et de diplomatie.

On peut reprocher à Driencourt beaucoup de choses, mais on lui en renprochera une seule: ses analyses qui ne s’appuient pas sur des vérités, ou sur des informations, d’où la fragilité de l’analyse et l’approximation du propos.

Qu’est-ce qui fait courir Xavier Driencourt?

Il aurait gagné à donner des informations sur l’Algérie, mais lui, non, ce qui l’intéresse c’est démontrer l’institution militaire, démontrer qu’elle est maitresse du pays, faiseuse des présidents, et que tous les Algériens, s’ils ne sont pas militaires, se sentent comme des invités dans le pays des militaires. Oser dire cela c’est s’exposer au ridicule, et l’ex-ambassadeur en poste à Alger durant les années 2010-2019 là fait.

A lui d’assumer les critiques contre lui, et de faire face à des propos tout aussi cinglants.

Toutefois, on peut se poser cette question, somme toute légitime: pourquoi Driencourt a une dent (en fait, plusieurs dents) contre l’Algérie.

Pourtant, il s’y sentait tellement à son aise à Alger qu’il en a redemandé (c’est un des rares diplomates a avoir fait deux Alger, avec une intervalle).

Est-ce le fait d’avoir été percé à jour par le renseignement, alors qu’il tentait de tricoter avec des sous-fifre pour leur soutirer des informations qu’ils ne possédaient pas? Est-ce le fait d’avoir été obligé de rentrer en France pour « mauvaise presse »?

Petites vues sur un grand pays

Moi, Fayçal Oukaci, journaliste d’information, spécialiste des questions sécuritaires liées à la triple région maghrébo-saharo-sahélienne, je peux, devant dieu et les hommes, le juger sur un point, dont je connais les dessous parfaitement: ses relations avec de petits journalistes.

Un grand diplomate, quand il a envie d’en connaitre plus, d’en savoir meiux et d’aller plus loin dans l’investigation, il invite de grands journalistes. Pour voir grand il faut jouer grand, c’est un principe millémaire. Or Driencourt jouait petit, avec de petits journalistes, des quantités negligeables dans les salles de rédaction. Je m’en souviens: on souriait, on riait même sous cape, en disant : « Mais qu’est-ce que fait Untel avec Driencourt? ».

Il a toujours aimé la compagnie de petits journalistes, opportunistes et cupides, qui étaient tout heureux de se retrouver à l’ambassade pour un diner bien arrosé; les journalistes les plus sérieux de la place d’Alger l’ont toujours soigneusement évité.

Une carrière diplomatique brusquement arrêtée

Son prédécesseur, Bernard Bajolet, je l’ai connu et invité à la Maison de la Presse de Kouba, où, avec le Directeur de L’Expression, Ahmed Fattani, je lui avait fait passer une heure éprouvante avec des questions directes qui incriminaient son pays dans le jeu de Monopoly qui agitait le Sahel. Bajolet a beaucoup appris en Algérie, a cumulé des tonnes d’informations, et il a été récompensé par l’Elysée qui lui a confié, en juillet 2008, les fonctions de coordonnateur national du renseignement auprès du président de la République, Nicolas Sarkozy, puis en avril 2013, l’avait nommé directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE), par le président François Hollande.

Bernard Emié, qui a été lui aussi diplomate en poste à Alger, a été promu directeur général de la sécurité extérieure du  au , c’est-à-dire dès la fin de sa mission à Alger.

Alger a été une école sur le terrorisme pour tous les diplomates en poste en Algérie. Pourquoi? Parce que le terrorisme en Algérie est né avec le retour des « Algériens Afghans ». L’Afghanistan a été le pourvoyeur du terrorisme international pour l’Algérie. Et pour comprendre le sujet, il faut étudier l’arrivée de milliers de « moujahidines » en terre pachtoune, via le Pakistan, étudier le centre de recrutement de Peshawar, les facilitations accordées par le gouvernement pakistanais aux combattants salafistes, puis comprendre comment l’Arabie Saoudite facilitait le départ, à partir de son sol, vers Peshawar, connaitre les dessous de cartes de la guerre russo-afghane, comment les Etats Unis pourvoyaient en armes stratégiques (les Stinger sol-air contre l’aviation russe), etc.

Tout un dossier à étudier, avec documents à l’appui, à partir d’Alger. D’autant que certains chefs terroristes sont encore en prison en Algérie et peuvent apporter des témoignages édifiants sur le sujet.

Malheureusement pour lui, Xavier Driencourt n’a rien appris, rien compris, ou pas grand-chose: Alger l’a repoussé vers son pays, lequel l’a immédiatement mis au placard. Mais est-ce là une raison pour lui de devenir aussi acrimonieux, hostile et émotif ? Exprimant avec des phrases ampoulées des choses simples et faisant étalage de connaissances qui n’abusent pas les connaisseurs, il avance laborieusement sur un terrain qu’il est loin de maitriser, même si en ces temps de disette intellectuelle, placer deux ou trois lignes dites avec une bonne diction passe pour une compétence de haut vol.

Cherche-t-il à revenir aux affaires? Veut-il s’amarrer au Rassemblement National, lequel gagne du terrain en France, à la faveur d’une déchéance politique française  généralisée, afin de reprendre du service? Possible.

La réalité est que sa critique à tort et à travers contre un seul pays, l’Algérie, sa fixation maladive sur un seul et unique sujet, l’Algérie, est en train de le pousser dans les bras de l’extrême-droite, si ce n’est pas encore fait. Et c’est le pire aboutissement qui puisse lui arriver…