Oukaci Fayçal
Journaliste, spécialiste des questions sécuritaires
Alger, Algérie
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Les Touaregs du Nord-Mali, de même que les autres communautés qui s’y vivent : Berabiches, arabes, songhaïs, etc. sont pratiquement imprenables dans leur habitat naturel.
Les vastes espaces désertiques, inhospitaliers, hostiles, voire périlleux pour les Occidentaux, sont, pour eux, un « home swet home » qu’ils ne braderont pour rien au monde.
Et s’il y a aujourd’hui, une puissance qui connait l’impossibilité de s’installer par la force au sein de la population azawadie (ex-Soudan occidental), pour l’avoir éprouvée par le passé, c’est bien la France, qui, dans le contexte actuel, s’est déterminé d’observer de loin, avec amussement, curiosité, et peut-être avec satisfaction, les événements qui se déroulent au Nord-Mali.
Touaregs en sables mouvants
L’ « Africa Corps » russe, composé principalement d’anciens mercenaires de PMC Wagner, aura subi sa première grosse défaite dans le monde. Un coup d’arrêt sec à sa superbe. Le Kremlin grince des dents. Une défaite au moment moment, au mauvais endroit.
Bomber le torse parce qu’on a à ses cotés Wagner était un jeu dangereux, on l’a mille fois dit et redit, sur tous les médias et les plateaux de télévision, pour une raison simple: tant qu’on n’a pas à ses cotés les populations locales, c’est l’échec garanti de toute initiative militaire. Et Wagner, si prompt à la dégaine dans les combats au corps-à-corps, était dans l’impossibilité d’avoir de l’ascendant dans le Grand Sahara, qui est un autre espace, avec une autre conception de la guerre.
Le fait est là, Africa Corps a perdu plusieurs dizaines de ses combattants à la frontière entre le Mali et l’Algérie, 82 exactement, selon des sources proches de Wagner. Le convoi de soldats russes et maliens a été pris en embuscade par les Touaregs, qui, jusqu’à une date récente (2023) ne pronaient pas l’indépendance de l’Azawad, mais exigeaient l’application des Accords d’Alger de 2015.
Faux calculs et fausses pistes
Lorsqu’on fait de faux calculs on se fourvoit inexorablement dans de fausses pistes. Pendant plusieurs jours d’affilée, à partir du 20 juillet, les chaînes russes pro-guerre ont prédit une défaite rapide des Touaregs séparatistes islamiques, qui contrôlent le nord du pays depuis la grande sédition de 2011.
Les premiers jours, l’opération de l’armée malienne et de l’ « Africa Corps » russe, créé à partir des restes du PMC « Wagner », s’est déroulée avec succès, à en juger par les déclarations des autorités maliennes. Il y a une semaine, ils ont réussi à prendre le contrôle du village d’In Afarak, à la frontière avec l’Algérie. Mais subitement, les évenements se sont inversés.
Les chefs de la Coalition des Mouvements de l’Azawad affirment avoir attiré les mercenaires dans un guet-apens. Les ont éloigné pour les prendre facilement dans un espace ouvert sur des centaines de kilomètres, avec zéro chance de s’en sortir vivants.
82 membres de Wagner tués…
Pourtant les éléments de Wagner en ont vu d’autres et s’en sont sortis indemnes: des pertes subies pendant la guerre avec l’Ukraine, l’enfer de la bataille de Hasham dans la province syrienne de Deir ez-Zor, la souricière dans laquelle sont tombés les » Wagnériens « , en 2018, sous l’attaque d’hélicoptères d’assaut américains, etc; mais rien ne ressemblaient à l’enfer de Tin-zawatine, dont les opérations se déroulent dans un décor lunaire et « sur des itinéraires à longue distance ».
Des sources pro-russes donnet 82 élements de Wagner tués dans l’attaque de la rébellion azawadie. Un chiffre qui renseigne sur la puissance de feu de Cadre stratégique permanenet et de la Coalition des Mouvements de l’Azawad. Parmi les morts déjà confirmés figure l’administrateur de la chaîne Telegram Grey Zone, Nikita Fedyanin, connu sous l’indicatif « Bely » ; sa mort a été signalée par une source de l’agence TASS. Du vivant d’Evgeny Prigozhin, cette chaîne était l’une des plus célèbres à écrire sur le PMC Wagner, avec plus de 500 000 personnes abonnées.
Les FaMa le savent, et il l’ont affirmé et écrit, noir sur blanc, dans le dernier communiqué de l’état-major: il faut revoir les schémas et réviser les leçons. La coalition russo-malienne est en train de réprimer les effets de motifs qu’il fallait attaquer à la source: terrorisme, insécurité, narcotrafic, manque de perspectives pour les jeunes et les populations du nord, aucun projet économique porteur, zéro développement, abandon du Nord-Mali, comme si le Mali était uniquement Bamako et sa proche périphérie.
L’option militaire était la moins indiquée. Pourtant, elle a était choisi à Koulouba, sans en calculer les conséquences. Et la guerre risque d’êrre longue, interminable, et pratiquement sans issue. A moins de revenir à la négociation, qui est une autre manière de faire la guerre, mais sans armes…
