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L'oeil qui ne se ferme jamais sur la triple région maghrébo-saharo-sahélienne

L’Alliance des Etats du Sahel, Mali, Niger et Burkina Faso, face à la poudrière Azawad

l’Alliance des Etats du Sahel, le Mali, le Niger et le Burkina Faso: une poudrière nommée Azawad Mali, Niger et Burkina Faso: une poudrière nommée Azawad

Par Fayçal Oukaci 

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Journaliste, spécialiste des questions de sécurité

Après la débacle de Tin-Zawatine, l’Alliance des Etats du Sahel (AES) composée par le Mali, le Niger et le Burkina Faso, fera-t-elle le pas pour franchir une nouvelle étape dans la lutte commune?

Il est certain que pour Bamako et les chefs de Koulouba, l’épisode Tin-Zawatine exige une riposte approprié. Dans ce cas, le feront-ils seuls, avec le risque d’une nouvelle débacle militaire, ou en cordination avec les deux autres pays membres de l’Alliance du Sahel?

La Coordination des Mouvements de l’Azawad réunis dans le Cadre stratégique permanent (CSP), forme de plusieurs dizaines de factions armées, peut s’avérer extrêment redoutable dans un espace désertique grand comme  un continent et que la France et sa logistique n’est pas arrivé à maitriser.

De plus, les populations azawadis sont hostiles à toute intervention étrangère et risque de faire grossir les rangs de la contestation. Enfin, il faut prendre au sérieux l’avertissement donné par le CMA à Bamako et à Niamey d’étendre les attaques dans tout le Niger.

L’Alliance des Etats du Sahel à l’épreuve du terrain

Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé le 6 mars 2024 la création d’une force militaire conjointe pour lutter contre l’insécurité à laquelle sont confrontés les trois pays depuis plusieurs années. C’était lors d’une réunion à Niamey.

Selon le Général Moussa Salaou Barmou, chef d’Etat-major nigérien des armées, la force conjointe des trois pays qui composent l’Alliance des Etats du Sahel (AES) « sera opérationnelle dans les plus brefs délais pour prendre en compte les défis sécuritaires » de cet espace.

En choisissant de se regrouper dans l’Alliance des Etats du Sahel, le Mali, le Niger et le Burkina Faso avaient accepté le 16 septembre 2023 de conclure un pacte de défense mutuelle. C’était dans un contexte où la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) menaçait d’intervenir militairement au Niger lorsque la junte qui a fait le coup d’Etat en juillet a refusé de rétablir l’ordre constitutionnel.

Une situation sécuritaire alarmante

Selon le rapport 2023 de l’Institut pour l’économie et la paix, 310 attaques ont occasionné 1 135 morts et 496 blessés au Burkina Faso en 2022. Au Mali, le rapport attribue 944 morts aux attaques armées. Selon le rapport, les attaques dans ces deux pays ont augmenté de 48% par rapport à l’année précédente (2021).

« L’augmentation du nombre d’opérations terroristes dans la région du Sahel a été significative, (plus de 2 000 % au cours des 15 dernières années). Cela est dû à la situation politique instable, où six tentatives de coup d’État qui ont eu lieu, dont quatre ont réussi », indique le document.

La situation sécuritaire dans la zone est encore préoccupante selon ces rapports. Mais la création et l’utilisation d’une force commune arrivera-t-elle à bout de l’insécurité pour les trois pays de l’AES ?

Le développement des zones du nord reste la meilleure riposte à l’insécurité, car le manque de perspective, le sentiment d’hostilité et de frustration et la non application des accords de paix avec Bamako demeurent des sources productrices de violence et de défiance affiché et assumée avec le pouvoir central. Un véritable défi sécuritaire qui ne sera jamais reglé que par des voies pacifiques de négiciation.

Le Mali doit être très attentif à ce dossier, car le monde entier pourrait se rallier aux mouvements de l’Azawad rien que pour voir Wagner, et par voie de conséquence, le Mali, s’écrouler.

L’Azawad est un espace très dangereux où celui qui se croit en terrain conquis sera le premier à s’en mordre les doigts…