En effet, ce dernier a dépêché le mardi 13 août 2024 son Premier ministre, Ali Lamine Zeine, chez le président algérien, Abdelmadjid Tebboune. La délégation du Niger était importante et les discussions ont ouvert les perspectives d’une nouvelle dynamique entre les deux pays, dont les relations se sont « congelées » depuis le coup d’Etat contre le président Bazoum. Ce dernier fait aujourd’hui partie du passé et Alger, comme Niamey, se concentre sur ses objectifs et ses intérêts.
Porteur d’un message du chef de l’Etat nigérien, ce dernier a réitéré la volonté de son pays à entretenir d’excellentes relations avec l’Algérie.
« Nous avons décidé de donner du tonus à la coopération algéro-nigérienne, et en cela, nous ferons en sorte que nos projets communs soient très rapidement mis en route, pour leur réalisation au profit des deux pays » tout en « saluant l’ampleur des relations historiques entre les deux pays depuis leurs indépendances. L’amitié, la fraternité et le bon voisinage, sont les trois valeurs essentielles partagées par l’Algérie et le Niger », a déclaré le chef du gouvernement nigérien.
Tiani recentre sa politique sur les intérêts de son pays
En visite en Algérie depuis lundi 12 août, Ali Mahaman Lamine Zeine a été reçu la veille par son homologue Nadir Larbaoui et le président du Conseil de la Nation, Salah Goudjil.
Cette visite stratégique intervient en pleine tension entre le Mali, un pays de l’AES et l’Algérie. Bamako accuse Alger d’abriter des chefs rebelles chassés par l’armée malienne de la ville de Kidal.
Les tensions se sont accrues après l’attaque contre l’armée malienne fin juillet à TinZaoutine, où un contigent des FaMa et de Wagner a été décimé par les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad.
Une realpolitik nécessaire pour Niamey
Pour cerians observateurs, Abdourahamane Tiani en dépêchant son premier ministre à Alger a remis en cause la politique du colonel Assimi Goïta du Mali et fragilise ainsi l’AES; et il ne reste plus qu’à espérer que les autorités maliennes ne prennent pas mal ce rapprochement entre le Niger et l’Algérie.
Or c’est être d’une cécité dangereuse que de ne pas voir dans la démarche Tiani un recentrage des positions régionales de Niamey sur ses propres intérêts: les manoeuvres du maréchal Haftar risquent de nuire au Niger, de même que de rester en marge de son puissant voisin du nord, l’Algérie.