• sam. Nov 2nd, 2024

Sahel Media

L'oeil qui ne se ferme jamais sur la triple région maghrébo-saharo-sahélienne

Démarcation des frontières algéro-libyennes, cheval de Troie du maréchal Haftar

Démarcation des frontières libyennes-algériennes, cheval de Troie du maréchal HaftarDémarcation des frontières libyennes-algériennes, cheval de Troie du maréchal

Oukaci Fayçal

Journaliste, spécialiste des questions de sécurité

Les manœuvres de l’homme fort de la Cyrénaïque, le maréchal Haftar, vers Ghadamès n’est ni fortuit ni intempestif.

Haftar est un chef militaire, et en tant que tel, il agit dans une logique de combat et ne peut, en aucun cas, se soustraire à sa logique de guerre.

Depuis une dizaine d’années, Haftar essaye de prendre Tripoli par la force, en vain. L’Algérie a été indirectement, un des motifs de ses échecs. S’en référant aux résolutions onusiennes, elle a préféré une solution inter-Libyens inclusifs et a soutenu le gouvernement d’Union national sis à Tripoli, ce qui a fait grincer Haftar des dents depuis lors contre Alger.

De même, les objectifs de Haftar et des parrains du maréchal Haftar ne correspondent pas aux intérêts de l’Algérie. Ses relations avec les Emirat et avec Israël s’inscrivent dans une stratégie de nuisance aux pays de la région pour le propre bénéfice.

Le maréchal Haftar sur le pied de guerre ?

Les manœuvres de Haftar aux frontières avec la Tunisie et l’Algérie, le déploiement de ses forces terrestres, la tentative d’encercler Tripoli et de faire chuter Dbeibeh, sa volonté de prendre Ghadamès, puis le poste frontalier de Debdeb sont autant de motifs qui soulèvent sinon des craintes justifiées, du moins des appréhensions légitimes.

Haftar est dans son rôle de chef de guerre, mais d’une guerre de basse intensité, faite de pression, de détours, de propagande, de désinformation, de flux et de reflux.

De même, le jeu trouble de Moscou sur le dossier est un autre souci à prendre en ligne de compte ; au même degré que le silence d’Ankara sur le mouvement de troupes de Benghazi vers le Fezzan, alors que la Turquie est en principe un protecteur de Tripoli.

Les donnes ont-elles été modifiées ? Les cartes ont-elles subitement changé de main ? Un deal a-t-il été trouvé entre Ankara et Moscou sur le dossier libyen ? Où se situe le jeu du Mossad, très proche de Haftar, dans cette stratégie des chaises musicales ?

Autant de questions auxquelles il faudrait apporter des réponses précises si l’on cherche à comprendre le dossier libyen dans son intégralité, car il dépasse, concédons-le, les seules compétences de Haftar.

Et la question des frontières fait son apparition…

Dans le magma détonnant de la Libye, une question est soulevée ces derniers jours. A la lumière de la situation tendue en Libye et de ses interactions régionales et internationales, la question frontalière avec l’Algérie apparaît comme l’une des questions les plus importantes qui n’ont pas encore été résolues.

Les récentes déclarations de Hassan Al-Saghir, ancien sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères, indiquent que l’Algérie n’est pas en mesure de s’immiscer dans ses affaires intérieures, encore moins dans celles des autres pays.

Al-Saghir, dans plusieurs messages sur sa page Facebook et rapportés par Libye 24 News, estime que ce qui se passe en Algérie (élections), ne sont rien d’autre qu’une mystification et où l’ensemble du processus est géré au service d’agendas spécifiques. « D’où, dit-il, l’importance de la frontière libyenne-algérienne, car c’est la dernière frontière qui n’a pas encore été officiellement tracée, ce qui soulève des questions sur le moment opportun pour entamer un processus sensible ».

Cette simultanéité des manœuvres de Haftar et des déclarations d’Al-Saghir est à prendre en ligne de compte. Les prochaines semaines nous éclaireront sur le sujet d’un jour nouveau.