Amélia Adjou
Journaliste, analyste
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Le livre « Ils savent que je sais tout – Ma vie en Françafrique » dévoile la face hideuse de la France. Des aveux glaçants sur les rapports de l’Elysée avec les présidents africains
Dans son livre « Ils savent que je sais tout – Ma vie en Françafrique », dont sahelmedia vous fait un compte-rendu succinct, Robert Bourgi, figure emblématique des relations franco-africaines et de la « françafrique » offre un tableau glaçant des rapports -de force- qu’entretenait l’Elysée avec les pays africains.
Cet ancien conseiller politique dit tout, avec un cynisme décalé, sur les pratiques occultes qui ont longtemps dominé les rapports entre Paris et ses anciennes colonies.
Et si du temps du père de la « françafrique », Jacques Foccart, les relations étaient construites sur le tutorat, les relations amicales, paternalistes, la villa Charlotte, à Luzarches, les cadeaux et les diners en famille (Foccart allait jusqu’à s’occuper de la scolarisation des enfants de certains présidents africains), avec Bourgi on est dans le mépris, la depréciation et la domination.
La Françafrique en mouvement en Afrique
Dans ce livre à décrypter avec modération, Robert Bourgi, figure des relations franco-africaines, lève le voile sur les dessous troublants de la Franç-afrique. Il est vrai qu’il y arrange la vérité à sa manière, règle certains comptes avec des hommes politiques, dont Sarkozy, mais le témoignage de cet homme de l’ombre qui a joué des roles intéressants et d’intermédiaire entre responsables politiques français et africains mérite lecture.
« Ils savent que je sais tout – Ma vie en Françafrique » (éditions Max Milo), pointe le doigt sur les rapports souvent méprisants entre l’Elysée et ses anciennes colonies.
Bourgi dépeint « un système bien rodé de financement politique, où les valises de billets transitaient des palais africains vers les coffres des partis français ».
Mépris et volonté de domination
Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, mais aussi Laurent Gbagbo : aucune figure politique n’échappe à ses souvenirs. L’ancien homme de l’ombre raconte comment des millions de dollars et la complicité des chefs d’État africains, ont renfloué les caisses lors des campagnes présidentielles françaises.
Pire que le scandale financier, le cynisme diplomatique était la marque de fabrique de cette « franç-afrique » criminelle.
Exemple, parmi tant d’autres, Bourgi rapporte les mots glaçants de Sarkozy menaçant de « vitrifier » Gbagbo lors de la crise ivoirienne, illustrant la brutalité des rapports de force entre Paris et les capitales africaines.