«Le Sénégal est un pays indépendant et souverain. La souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires dans le pays», a précisé Bassirou.
Elu en mars sur la promesse de rétablir la souveraineté de son pays, le président sénégalais a assuré qu’il ne s’agissait pas d’un acte de «rupture» mais a plutôt défendu un «partenariat rénové» avec l’ancienne puissance coloniale et alliée historique française.
Le Sénégal avide de souveraineté
Il a notamment salué comme un «grand pas» la reconnaissance par le président Macron, dans une lettre révélée le même jour, d’un «massacre» des forces coloniales françaises à Thiaroye, près de Dakar, le 1er décembre 1944 en ouvrant le feu contre des tirailleurs sénégalais rentrés de France.
«Un partenariat rénové ne peut être rénové que dans la vérité et dans l’exhaustivité de la vérité», a poursuivi Bassirou Diomaye Faye, faisant référence aux zones d’ombre qui subsistent sur cet évènement que l’ancien président François Hollande avait qualifié en 2014 de «répression sanglante» et non de «massacre».
Cette décision du gouvernement sénégalais s’inscrit dans une volonté de diversifier les partenaires de son pays, qui cherche à rester l’interlocuteur du plus grand nombre en Afrique. Les pays du Sahel voisin, passés sous le gouvernement de militaires, ont abruptement rompu leurs liens avec la France et se sont tournés vers la Russie. «La France reste un partenaire important pour le Sénégal au regard du niveau d’investissements, de la présence de sociétés françaises et même de citoyens français qui sont au Sénégal», a assuré le président.
«Présence ou absence militaire ne doit pas être égal à rupture»
Pour légitimer cette décision, Bassirou Diomaye Faye a invoqué l’existence de relations entre le Sénégal et des pays comme la Chine, son premier partenaire commercial par le volume des investissements et des échanges mais aussi la Turquie, les Etats-Unis ou l’Arabie saoudite : «tous ces pays-là n’ont pas de base militaire au Sénégal». «Présence ou absence militaire ne doit pas être égal à rupture», a-t-il dit.
Cette décision «impose qu’il n’y ait plus aucune base militaire de n’importe quel pays au Sénégal», a conclu le président. L’annonce sénégalaise résonne avec celle du Tchad, qui a déclaré jeudi 28 novembre rompre son accord de coopération de défense avec la France, assurant qu’il ne s’agissait pas non plus d’une rupture.
De son côté, la France a décidé de réduire fortement sa présence militaire en Afrique. Au début de l’été, deux sources proches de l’exécutif français et une source militaire avaient confié que l’intention du gouvernement était de conserver une centaine de militaires au Gabon (contre 350 alors), au Sénégal (contre 350) et en Côte d’Ivoire (600 auparavant) ainsi que quelque 300 au Tchad (contre 1.000).
Selon l’Elysée, l’envoyé personnel d’Emmanuel Macron en Afrique, Jean-Marie Bockel, a remis cette semaine au président français son rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire en Afrique, qui prône un partenariat «renouvelé» et «coconstruit ».