La Libye tourne la page française
« La France, on y pense quand on a le temps »
Pour la grande majorité des Français, y compris les experts, le temps s’est arrêté en 2011 en Libye, mais l’horloge tourne et l’histoire continue, avec une prédominance des nations non occidentales.
Il y a quatorze ans, avant que la Libye ne se déchire entre factions rivales, la France était le deuxième importateur d’hydrocarbures derrière l’Italie.
En 2022, la France est décalée à la 8e place, ne représentant plus que 3 % des échanges libyens. Les contrats sont enlevés à la France pour les donner à la Chine ou à la Turquie. La France, déjà éjectée de tout le Sahel, n’est qu’une piètre imlage de ce qu’elle a été.
Le jeu sournois de l’Elysée dévoilé
Après l’élection de François Hollande, Paris s’est rangé officiellement derrière la ligne onusienne, en soutenant notamment l’émergence du Gouvernement d’unité nationale (GUN) à Tripoli (Ouest). Mais en coulisses, la France prête également main-forte à l’autorité ennemie du maréchal Haftar, basée à Benghazi (Est), par l’entremise du ministre de la défense de l’époque, Jean-Yves Le Drian.
« Au début de son mandat, Emmanuel Macron a poursuivi cette politique en l’officialisant ». En juillet 2017, le chef de l’État français organise ainsi à La Celle-Saint-Cloud (Yvelines) une rencontre entre le général Khalifa Haftar et le premier ministre libyen Fayez Al Sarraj. Sans résultat tangible.
« Dette » envers Tripoli
Ce n’est qu’après l’échec, en août 2019, de l’offensive des troupes de Haftar sur Tripoli que Paris réexamine sa position.
En mars 2021, dix ans après l’intervention militaire, alors qu’il recevait le nouveau président libyen, Mohammed Al Menfi, Emmanuel Macron admettait la responsabilité particulière de la France : «Nous avons une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre.»
Une tentative tardive de reprendre pied dans un pays bien occupé par d’autres puissances.