Crise de la Banque centrale libyenne: Haftar veut la tête de Dbaibeh
Sep 16, 2024
Haftar veut la peau de Dbeibeh
Imad Mohamed Amine
Journaliste, analyste politique
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L’éviction du gouverneur de la Banque centrale libyenne, symbole des luttes d’influence en Libye, aura été un nouvel épiside dans le bras de fer entre Tripoli et la Cyrénaïque.
Sadiq Al-Kabir, gouverneur de la Banque centrale libyenne évincé par les autorités de Tripoli, a été forcé de se réfugier en Turquie.
L’institution est livrée aux rivalités entre les deux pouvoirs qui gouvernent le pays. Dans cette crise qui affecte le secteur du pétrole, le camp du maréchal Haftar pourrait tirer son épingle du jeu.
Mais derrière Dbeibah et Haftar se profilent les ombres dangereuses de plusieurs autres acteurs, des multinationales et des puissances, dont les intérêts, l’agenda et les objectifs divergent, créant des zones de turbulences sur les sous-traitants des crises.
Comprendre la crise de la Banque Centrale libyenne
Sadiq Al-Kabir, gouverneur de la Banque centrale libyenne évincé par les autorités de Tripoli, a été forcé de se réfugier en Turquie. L’institution est livrée aux rivalités entre les deux pouvoirs qui gouvernent le pays.
Dans cette crise qui affecte le secteur du pétrole, le clan du maréchal Haftar mise sur des manifestations populaires qui souffleraient Abdelhamid Dbeibah. Si des semblants de solutions semblent trouvées, rien n’est encore reglé.
Au milieu des tourments de la guerre civile au long cours qui secoue la Libye, la Banque centrale de Tripoli, capitale du pays, a tenu bon grâce à Sadiq Al-Kabir, son gouverneur, nommé après le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011, et qui a réchappé à deux guerres civiles et à six Premiers ministres.
La Libye a connu deux gouvernements, deux Parlements, deux appareils judiciaires et sécuritaires, mais Al-Kabir, bureaucrate aux manières feutrées, a su préserver un semblant d’unité, supervisant et diffusant une monnaie unique depuis sa jolie banque sur le front de mer.
Le 26 août, la Libye a perdu ce pilier. Al-Kabir a été évincé par le gouvrnement Dbeibeh, pourtant un allié de longue date, et a été contraint de s’exiler en Turquie.
Haftar profite de la crise au maximum
Faisant montre de souplesse, le Conseil présidentiel libyen lui a alors cherché un successeur ainsi qu’un nouveau conseil d’administration. “La personne qui occupe ce poste n’a aucune autorité juridique”,
Jalal Harchaoui, chercheur au Royal United Services Institute, a accusé les parties à la crise libyenne de « quelques atermoiements » dans les consultations de la Banque centrale de Libye.
Il a déclaré sur son compte sur la plateforme « X » que certains acteurs se rendent compte que « le temps qui sans réaliser de progrèsattendu n’est peut-être pas une mauvaise chose pour eux, et ils ont des raisons de supposer que le peuple rejettera le discrédit sur le chef de gouvrnement de Tripoli, le gouvernement d’union nationale, d’Abdelhamid Dbeibah, et non sur eux concernant la crise économique « aggravante ».
Malgré les nombreuses mises en garde émises par les experts sur les répercussions du conflit actuel entre les autorités de l’est et de l’ouest de la Libye sur la gestion de la Banque centrale, des questions se posent sur les raisons de la prolongation sans fin des négociations pour résoudre ce conflit et qui seront les responsables affectés par la crise.
Haftar joue sur le temps et en rentablise les contrecoups
Selon certains observateurs, le pouvoir exécutif de Tripoli, représenté par le gouvernement intérimaire d’Union nationale, dirigé par Dbeibah, et son partenaire, le Conseil présidentiel, pourrait être « le plus touché », car de nombreux secteurs leur reprochent le blocage en cours.
Le politologue libyen Mohamed Mahfouz souligne que les milieux populaires pourraient porter la responsabilité au gouvernement Dbeibah et au Conseil présidentiel, parce que ce sont eux qui ont initié l’escalade dès le début et « donc ils doivent en supporter les conséquences ».
Dans tous les cas, plus la crise perdure, plus Haftar en sera le principal bénéficiaire, et pour cela il joue sur le temps et la colère sociale pour déboulonner son pire ennemi politique.