• sam. Nov 23rd, 2024

Sahel Media

L'oeil qui ne se ferme jamais sur la triple région maghrébo-saharo-sahélienne

Liptako-Gourma: le triangle de feu où prolifèrent les groupes terroristes

Liptako Gourma: le triangle de feu où l'Etat islamique Daesh prolifèreLe triangle de feu où l'Etat islamique Daesh prolifère

Par Imad Mohamed Amine

Journaliste, spécialiste des questions de sécurité

Nous sommes dans une Région dénommée Liptako-Gourma située à cheval sur les frontières communes que le Burkina Faso, Mali et Niger partagent en commun et dont la superficie est de 370 000 km².

Compte tenu de l’importance du potentiel en ressources minières, énergétiques, hydrauliques, agropastorales et piscicoles que regorge cette région, l’idée de de se regrouper dans un organisme permanent pour l’exploitation en commun de ces énormes ressources, a germé, puis a été concrétisée par la signature d’un Protocole d’accord, le 3 décembre 1970 à Ouagadougou, donnant naissance à l’Autorité de développement Intégré de la Région du Liptako-Gourma.

Toutefois, les choses se sont développées de telle sorte qu’aujourd’hui, cette région, dite aussi Zone des Trois-Frontières, au lieu de créer richesse et bien-être des populations est devenue source des soucis sécuritaires les plus légitimes. Et pour cause: les groupes armées de l’Etat islamique au Grand Sahara y prolifèrent, devenant aujourd’hui, non plus des groupes, mais des armées terroristes.

Liptako-Gourma, le triangle de feu

La zone des « trois frontières », à cheval entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, est une région particulièrement difficile à contrôler pour les gouvernements de ces trois États et où prolifèrent la contrebande et le terrorisme transnational. Les groupes armés y trouvent un terreau fertile dans cet espace où l’insécurité y est aggravée par la désertification, la pauvreté et les conflits communautaires pour l’accès aux ressources.

Pourtant, étymologiquement, le nom Liptako ou Liptaako signifie l’invincible, l’indomptable, ce qui est impossible à terrasser, de « liba » qui veut dire ‘terrasser’, et ta-a-ko : on ne peut pas.

Depuis le début des années 2010, les groupes terroristes État islamique dans le Grand Sahara età un degré moindre, Al-Qaïda au Maghreb islamique y prospèrent. Entre Dori, Tillabéri et Gao, la sécurité des biens et des personnes n’est pas assurée, car cette zone est également le théâtre d’affrontements avec les djihadistes d’Al-Qaida et de l’État islamique. Les combats pour l’accaparement des teritoires fait rage.

Aujourd’hui, le Liptako-Gourma n’est pas uniquement, un danger pour les trois pays qui le représentent, mais c’est aussi l’épicentre du «dijhadisme sahélien», qui est venu se greffer à la prolifération des groupes armés et aux affrontements ethniques.

Lutte antiterroriste

Le projet sécurité et développement baptisé ACTS (« Appui à la coopération transfrontalière au Sahel ») fait long feu.

ACTS, c’était d’une part un volet sécuritaire qui visait le développement de capacités de renseignement -via les populations locales- « sur ce qui se passe, et sur ceux qui passent, dans cette zone », de capacités d’intervention et de capacités de traitement judiciaire pour renforcer l’Etat de droit.

ACTS integrait également un volet développement associant les populations locales, par des alternatives aux trafics qui produisent des revenus, qui encouragent la sécurité par le développement des systèmes de santé, éducation et accès à l’alimentation.

Comme pour Serval, Barkhane, Tabuka, G5 Sahel, etc. il était inscrit dans les sables fin de tillaberi que le projet Acts finisse dans l’oubli, comme toute chose qui ne prend pas en ligne de compte ce que les populations locales souhaitent, d’abord.

Début mars 2024, le Niger, le Mali et le Burkina Faso annoncent la création d’une force armée antidjihadiste.

Cette annonce survient après la création par ces pays, dirigés par des régimes militaires issus de coups d’Etat, d’une Alliance des Etats du Sahel (AES), suivie de leur sortie de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Les résultats de cette Task Force commune locale tardent à venir, mais il est encore trop tôt pour juger. Les communiqués officiels sont optimistes, mais les attaques terroristes ne se sont jamais arrêtés.