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Exclusif. La Sadat au Sahel : outil de stabilisation ou combustible de guerre?

Mai 12, 2024
Exclusif. La Sadat au Sahel : outil de stabilisation ou arme guerre?Exclusif. Les Turcs au Sahel : outil de stabilisation ou arme guerre?

 

Par Fayçal Oukaci

Journaliste, chargé des questions sécuritaires et géostratégiques

Avec la Sadat, le Sahel sera entre les mains de milices paramilitaires non-étatiques qui vont concourir à faire ce qu’elles savent faire le mieux: la guerre.

C’est déjà un Sahel fragmenté qui s’agite sous nos yeux, et il est évident, après la fin de la guerre en Ukraine et à Gaza, que les prochaines batailles pour faire mainbasse sur le monde, se dérouleront dans cette partie du monde, malheureusement.

La Turquie d’Erdogan est devenue sous Erdogan une superpuissance qui cherche désormais ce que cherchent les surpuissants: plus de pouvoir. La réussite de ses drones Bayraktar en Libye lui ont donné le droit de faire un pas supplémentaire en négociant un contrat entre un pays de la région et la société militaire privée Sadat.

La Sadat, outil de stabilisation ou arme guerre?

Selon le consultant en stratégie militaire, Jabir Touré, ce groupe paramilitaire turc « serait sur le point ou aurait déjà signé des contrats de protection » avec au moins un des pays du Sahel, certainement le Mali.

En Syrie, en Libye, et plus récemment au Haut-Karabakh et en Ukraine, SADAT – International Defense Consultancy Construction Industry and Trade Incorporation – a fait ses preuves. Fondée en 2012, la société de défense privée turque déploie son influence à travers un écosystème informationnel habile, qui englobe à la fois les intérêts de l’industrie de défense nationale turque et les objectifs ambitieux en matière de leadership sunnite du gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan.

Sa présence au Sahel se fait sentir de plus en plus. Déjà puissante en Libye, elle cherche de nouvelles aires de jeu. C’est la stratégie d’Erdogan en mouvement. Récemment, le président de la transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a assuré dans un entretien accordé au journaliste camerounais Alain Foka, diffusé sur sa chaîne Youtube, qu' »aucun Russe » n’était sur le terrain pour combattre les djihadistes dans son pays, en n’excluant pas qu’ils puissent le faire à l’avenir.

Encombrement de milices

Après l’encombrement des Occidentaux, avec Serval, puis Barkhane, Tabuka, Africom, etc., le Sahel s’apprête à vivre un nouvel encombrement des milices paramilitaires non étatiques.

« Il n’y a aucun Russe sur le terrain pour combattre, dit le capitaine Traoré. Pour l’instant, on se bat seuls, ils nous appuient en termes de formation sur le volet de la logistique, de la formation tactique », a déclaré le capitaine Traoré, qui a précisé que des formateurs d’autres pays, dont la Turquie (dans le domaine des drones entre autres) et la Chine, étaient également présents.

Es-ce que la SADAT va évincer Wagner? Rien n’est moins sûr. Parce que le Kremlin compte dompter, apprivoiser et relooker Wagner par l' »African Corps »; et de ce fait, les hommes de Wagner devraient encore rester à Bamako, et c’est à Koulouba de gérer la cohabitation, si les Turcs s’y installent.

Le syndrôme Blackwater

La Sadat, (International Defense Consulting Company ) société créée en 2012, dont la mission consiste à assister les pays musulmans, a été accusée de recruter des mercenaires au sein des groupes djihadistes syriens basés à Idlib pour les envoyer sur des zones de conflit, notamment en Libye.

Or, des experts affirment que ces mêmes djihadistes viennent parfois renforcer les rangs des groupes armés actifs au Sahel dans la région des Trois frontières. De plus, la Sadat soutient le gouvernement de Tripoli alors que les nouvelles autorités du Niger, faisant partie de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), se sont, elles, rapprochées de son rival, le maréchal Haftar.

Le Sahel serait-il à l’aube d’un nouveau chaos programmé?