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Des signataires des accords d’Alger mis par Bamako sur la « black list des terroristes »: les « mauvaises pistes » du colonel Goïta

Des signataires des accords d’Alger mis par Bamako sur la "black list des terroristes": les "mauvaises pistes" du colonel GoïtaDes signataires des accords d’Alger mis par Bamako sur la "black list des terroristes": les "mauvaises pistes" de Assimi Goïta

 

Par M.S., journaliste

Des signataires des accords d’Alger mis par Bamako sur la black list des terroristes. Le colonel Goïta se fourvoie dans de « mauvaises pistes »

Au Mali, six chefs du JNIM et de la rébellion du Nord ont été visés par des sanctions financières « symboliques ». Les sanctions n’ont aucune valeur réelle, mais impliquent des conséquences graves, puisque les chefs de la rébellion sont passibles d’être tués à tout moment par un tir de drone. Hassan Ag Fagaga, père de la première rébellion au Nord-Mali, en 1991, aura été la première cible de Bamako.

Dans la « black liste des terroristes » élaborée par Koulouba, les six hommes ont ceci de différents c’est que quatre d’entre eux étaient partie prenante des accords d’Alger alors que les deux premiers sont chefs terroristes notoires.

Les dangereux amalgames du colonel Goïta

En faisant cet amalgame, le message de Koulouba est d’assimiler les chefs du Cadre stratégique permanent et ceux de la Coordination des mouvements de l’Azawad à Al Qaida et Daesh, les deux groupes terroristes présents au Nord-Mali.

En effet, un arrêté du ministère de l’Economie daté du 8 mars gèle pour six mois renouvelables « les biens et ressources économiques » d’Iyad Ag Ghaly, à la tête du Groupe Nosrat, et Amadou Kouffa, chef de la Katiba Macina, dans la même alliance. Il s’agit de deux terroristes qui ont choisi le chemin du terrorisme et l’assument publiquement.

Par contre, quatre autres hommes sont visés également : Alghabass Ag Intalla, Bilal Ag Acherif, Fahad Ag Almahmoud et Achafagui Ag Bouhada, des chefs de la rébellion du Nord-Mali qui a repris les armes contre le pouvoir central malien en 2023.

Le décret présente ces derniers comme membres ou alliés du groupe Nosrat. Les incidences concrètes du gel de leurs avoirs ne sont pas claires pour l’instant, mais la symbolique et l’amalgame sont dangereux, politiquement et au plan sécuritaire.

D’ailleurs, même un imam comme Mouhmoud Dicko a été ciblé par les rétensions politiques, l’obligeant à se terrer en Algérie, en attandant que les choses soient plus claires; pourtant, c’était lui qui avait fait chuter IBK et aider le colonel Goïta à renforcer son pouvoir et sa mainmise sur Koulouba.

La quadrature du cercle

Les hostilités avaient repris en août 2023 après huit ans d’accalmie entre Bamako et les groupes rebelles à dominante touareg, qui se disputaient le contrôle du territoire et des camps militaires laissés par les Casques bleus de l’ONU.

Les six hommes sont tous décrits comme de nationalité malienne et résidant habituellement au Mali, sauf Bilal Ag Acherif, Malien mais né au Burkina Faso. Son lieu de résidence habituelle n’est pas indiqué. Tous sont accusés d' »actes de terrorisme », « financement du terrorisme », « atteinte à l’intégrité du territoire » ou « association de malfaiteurs ».

Les six hommes, qui ont une longue histoire de lutte contre Bamako, figuraient déjà sur une liste de personnes visées par l’ouverture d’une enquête judiciaire annoncée le 28 novembre par la justice malienne pour les mêmes motifs.

Les germes d’une déflagration sécuritaire d’ampleur

Les conséquences de cet amalgame politique seraient périlleuses pour les Maliens eux-mêmes sur plusieurs plans, à commencer par la cassure définitive entre l’Azawad et Bamako.

Le Plan d’Alger avait réussi à éteindre les feux de la discorde et à doter les Maliens d’une paix depuis plusieurs années, et les prises de position de Bamako, depuis qu’elle s’est adossée à Wagner, opère des manœuvres contre-productives et outrancières, car si la lutte anti-terroriste est un devoir pour l’Etat du Mali, la mise des chefs de la rébellion du Nord dans ce même sac porte en elle les germes d’une déflagration sécuritaire d’ampleur qui toucherait au-delà des frontières maliennes.