Imad Mohamed Amine
Journaliste
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Au Sahel, un bon soldat de troupe est confronté aux dures réalités du terrain, et de ce fait, il acquiert une expériénce et une étude qui valent mille exposés élaborés dans les salons feutrés des généraux occidentaux.
Au Sahel également, mieux vaut être un bon caporal qu’un mauvais général. Cette réalité n’a jamais été aussi évidente que dans les déclarations ampoulées du général Lecointre.
Dans un entretien accordé à un média français, l’ex-chef d’état-major des armées françaises, le général François Lecointre, appelle à recoloniser l’Afrique. Il assume que « ON NE FAIT PAS LA GUERRE POUR LA DEMOCRATIE MAIS POUR LES INTERETS DE LA FRANCE ».
Dans une interview accordée au journal Le Figaro, le général François Lecointre, ancien chef d’état-major des armées françaises, a exprimé sa préoccupation concernant l’avenir de l’engagement européen en Afrique. Il déclare : « L’Europe aura l’obligation de retourner en Afrique pour aider à la restauration de l’État et au retour des administrations et du développement. Ce n’est pas la Chine, la Russie et Wagner qui vont apporter des solutions durables aux très grandes difficultés que connaissent ces pays africains et leur population. »
Dans un temps normal, il est passible d’être présenté manu militari au Tribunal militaire pour apologie de crime contre l’humanité.
Mais Lecointre n’est pas à ses premières frasques militaro-expansionnistes. Auparavant, alors en poste comme chef d’état-major des armées françaises, a déclaré que «l’engagement militaire européen au Sahel africain demeurera encore dix ans et probablement plus qu’aujourd’hui ».
Pour le général Lecointre, « l’Europe accueille une mission pour l’entraînement de l’armée malienne, et qu’il est encore nécessaire d’élargir les objectifs afin de passer de l’étape de l’entraînement à la reconstruction de l’armée pour ne pas dire sa construction. Nous devons passer de missions qui pourraient paraitre limitées à des missions de coopération structurelle dans le domaine militaire. »
Le général Lecointre a ajouté que sans une action commune dans la région du Sahel « la situation y sera anarchique, avec des vagues de migrations clandestines impossibles à circonscrire qui vont perturber la stabilité de nos pays européens. »
Au Sahel, un caporal « opérationnel » comprend mieux
Le chef d’état-major des armées françaises estime que les critiques à l’endroit de la France évoquant « une nouvelle colonisation » diminueront, elle qui déploie plus de 5000 soldats pour combattre le terrorisme au Sahel africain une fois que l’Europe prendrait les initiatives.
Pour le général Lecointre ces accusations seront moindres si la proposition venait de l’Europe et pas de la France, même si l’action de celle-ci répondait à une sollicitation des pays du Sahel.
La France avait déjà exprimé sa volonté de réviser sa présence militaire dans la région du Sahel africain, une position ajournée plus d’une fois, avant la chute brutale et inattendue de Barkhane et la révocation humiliante de la France du Sahel.
Le rêve et la réalité chez Lecointre
Voilà, ce sont les propos d’un général, qui, malheureusement, sont contredites sur le terrain par l’action simple d’un jeune caporal qui aura appris que les temps ont changé et que ce type de discours n’a plus court.
Les contradictions que pourrait apporter notre jeune caporal aux déclarations ampoulées du grand général ont été confirmées cette semaine par le retrait définitif de la mission de formation européenne. Dernière mission européenne de ce type dans la région sahélienne.
Et ce sont ce genre d’officiers déconnectés des réalités africaines qui ont fourvoyé le président Emmanuel Macron dans de fausses pistes dans lesquels il s’est ensablé. Avec la fin humiliante que Barkhane a connue…