Oukaci Fayçal
Journaliste, spécialiste des questions de sécurité
–
Le colonel Assimi Goïta ne peut se détacher des « Accords d’Alger », une année après les avoir mis entre parenthèse, hypothéquant de ce fait, la stabilité et les équilibres fragiles de son pays.
Ces accords avaient le mérite d’apaiser les tensions et de faire en sorte que tout le Mali connaisse huit années de tranquillité, n’était-ce les groupes terroristes qui perturbaient cette tranquillité.
Bamako avait le temps de s’organiser et d’appliquer les termes de l’accord de 2015 et la Coordination des Mouvements de l’Azawad attendaient plus d’autonomie et de décentralisation.
Les tergiversations de Bamako, constatées depuis Ibrahim Boubakar Keita, ont pris avec le colonel Goïta une autre tournure, celui-ci se bombant subitement le torse quant le soutien des Russes, la présence de Wagner et l’argent du Kremlin devinrent évidents.
Le colonel Goïta et la fausse illusion de puissance
Flanqué de nouveaux alliés qui trainaient derrière eux une réputation d’armée invincible, le colonel allait de désillusion en désillusion. La mort de Evgueni Prigojine était annonciatrice de mauvais présages.
Le modus operandi de Wagner au Nord-Mali a fait que les populations les rejettent immédiatement; et une fois vous avez à dos une population vous avez irrémédiablement.
Le Kremlin, confronté à une poussée ukrainienne, aura vite besoin de « cash »; dans cette logique les Wagner pourraient bientôt quitter le Mali. Le principal appui de Goïta serait alors disparu et avec, beaucoup de fausses illusions. Car dans une stratégie de longue haleine, il faut toujours s’appuyer sur ses moyens et surn son peuple et non sur une force qui meterait son peuple.
Il est vrai que la situation du colonel s’est trouvé dès le début biaisé, et il s’est vite fourvoyé dans de fausses pistes, provoquant en même temps la colère d’Alger et de l’ensemble de la communauté de la Cedeao. A lui de savoir naviguer et revenir à bon port…
