Fayçal Oukaci
Journaliste, Alger
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Sur le Sahara occidental, beaucoup de médias marocains ont exprimé leur satisfaction après la réélection de Trump. Pourtant, les choses semblent complexes.
La réélection de Donald Trump aux Etats Unis n’a pas laissé indifférent ; toute la planète média en parle et on en est encore à évaluer les effets à court terme sur le reste du monde ; car ne perdons pas de vue qu’il s’agit de la première puissante mondiale depuis la fin de la Seconde guerre mondiale et que même si, aujourd’hui, cette puissance est mise à mal par d’autres puissances, il n’en reste pas moins que Washington est très influente sur le plan international.
Quels en seront les effets Trump sur le Maghreb arabe ? Gardera-t-il les mêmes cartes en main ou au contraire, changera-t-il de cap suivant l’évolution du monde depuis sa première élection ? Et quelle est sa feuille de route pour la prochaine étape ?
Le Sahara occidental, une pièce lourde
M’hamed Benkhrouf, qui s’est exprimé sur ces sujets sur France 24, donne des éclairages essentiels sur le «Maghreb selon Trump ».
Analyste politique, président de l’Alliance internationale des compétences algériennes établies à l’étranger et membre des « Amis du peuple sahraoui», Benkhrouf donne un point de vue sur la question de ce que sera le Maghreb avec ce deuxième mandat du président américain Donald Trump.
« Je dois d’abord rappeler que les relations entre l’Algérie et les Etats Unis ne sont pas exécrables. N’étant pas très bonnes, elles ne sont pas mauvaises, loin s’en faut. Comme on a pu le constater, les Etats Unis, par le biais de leur ambassade en Algérie, essaye de tisser des relations plus épaisses et plus denses, sachant que l’Algérie est un pays pivot tant dans la région maghrébine que dans la région sahélienne. L’Algérie est une station sécuritaire incontournable dans la région et les Etats Unis n’outrepasseront pas cette station dont ils ont grand besoin.
« De ce fait, l’Algérie n’est pas dérangée par la réélection de Donald Trump à la tête des Etats Unis et observent cette réélection comme étant un événement important dans le monde et qui intéresse d’abord, les Américains eux-mêmes. Donc, l’Algérie est tranquille sur ce point précis, contrairement à ce que penser les autres.
L’ONU, dernière instance…
« S’agissant plus précisément du dossier épineux du Sahara occidental, l’Algérie s’en tient aux résolutions de l’ONU et réaffirme son attachement à ce que la solution finale viendra du sein de l’instance internationale. De ce fait, Trump est en devoir de respecter l’ONU ; et s’il s’avise de changer de cap par rapport aux résolutions onusiennes et du droit international, il doit au préalable, changer également le droit et les textes de loi qui régissent les Nations unis.
« Maintenant, pour aller directement au cœur de l’affaire : pensez-vous que Trump va régler définitivement le problème en octroyant le Sahara occidental, mains et pieds liés, au Maroc ? Je ne le pense pas ; car s’il s’avise à le faire il devra passer d’abord, par le Conseil de sécurité de l’ONU, car c’est cette instance majeure au sein de l’ONU qui a promulgué les résolutions concernant l’autodétermination au Sahara occidental. Trump ne peut pas fouler aux pieds les rendus du CS de l’ONU sans passer par lui, car ce monde est régi par des lois à ce niveau, lois qu’il faut respecter. Donc, toute la question est là : Trump peut-il prendre une décision de cette ampleur sans faire entorse à des textes qu’il est censé respecter, protéger et défendre ? Je ne le pense pas ».
Zone de décolonisation
« Cet espace sahraoui est classé zone de décolonisation par l’ONU, et par voie de conséquence, l’Algérie tient à ce que les puissants de ce monde respectent les résolutions qu’ils ont eux-mêmes promulguées.
« Cette zone est également problématique sur le plan sécuritaire ; ne perdons pas de vue que la Russie est d’autres puissances y sont présentes et les Etats Unis ne voudront certainement pas entrer en conflit frontal avec ces puissances ; l’Algérie y joue dans ce cas précis, et dans d’autres cas, le rôle de stabilisateur et de facilitateur, et Washington prendra certainement en ligne de compte tous ces paramètres… »